Une fois n'est pas coutume, on dort sur le plancher des vaches pendant quelques jours (quoiqu'il soit plus correct de parler de moutons). Après quelques heures de bus on arrive au pied des Météores, la tente sur le dos et les cordes d'escalade dans les bras. C'est un endroit assez magique, à la fois très vert et parsemé de ces pics abrupts, certains d'entre eux servant de refuges à des moines dont la méditation ressemble plus au travail d'un élève de CAP Tourisme qu'à la peine constante qu'ils revendiquent (encore que ça ne doive pas être drôle tous les jours).
Bref, c'est beau :
On voit un monastère, là.

La faune y est variée : des touristes du monde entier, mais aussi des tortues (on a des photos !), des cigognes, des scorpions, des choucas par centaines, des moutons (nos voisins), des grimpeurs braillards, etc. On commence par les tortues, omniprésentes sur les chemins :
Elle est grognonne, non ?
Plus petite, mieux camouflée

C'est donc depuis au moins le XIIe siècle un lieu de méditation religieuse, on y trouve de beaux monastères bien bâtis mais aussi leurs ancêtres plus rudimentaires mais encore en place :
Version en bois
On en voit plusieurs !

Il y a aussi plusieurs ermitages troglodytes accessibles à pied, voici l'intérieur de l'un d'entre eux (il doit faire 5m² et est entièrement rempli d'icônes et d'objets de culte comme ça) :
On y entend des allemands grimper, aussi...

Et un tel endroit ne pouvait manquer de devenir un haut lieu de l'escalade, dommage que les premiers à s'y être attaqués aient étés fous. Ils estiment que s'il n'y a pas de difficulté majeure, il n'y a pas besoin de protection, et de toute évidence nous n'avons pas la même notion de "difficulté majeure". On peut quand même faire quelques voies (160m, 16 dégaines, elle était plutôt bien protégée ! Dommage, il y avait une longueur de 30m sans rien) mais on se laisse un peu impressionner, les autres groupes sont soit bien meilleurs, soit partent avec un guide qui ouvre la voie pour les autres. Le rocher est assez particulier, une sorte de poudingue gris plutôt solide même si un casque est recommandé. Le poids du-dit casque est aisément compensé par le fait que 10 dégaines suffisent pour l'ensemble des voies, et qu'il n'y a pas un interstice pour un coinceur. Les preuves de nos timides exploits :
On voit à peine la corde mais elle est là
Un zappe même un relais, les grands fous.

Une idée sympathique, en haut de chaque sommet se trouve un livre d'or dans un coffret en métal, avec crayons, taille- crayon et gomme, les premières entrées dans celui qu'on ouvre sont de 1989 ! Toutes les langues s'y mêlent, et les remerciements côtoient les commentaires sur les différentes voies :
On y laisse notre nom, quand même !

Et de là-haut on aperçoit une paire de rochers tout à fait fmurriens :
CF Les pieds

Voici une autre photo d'en haut :
Pas le même sommet

Les monastères se visitent tous, mais le contenu est inégal. Le "Grand" météore est presque entièrement ouvert à la visite et vaut le coup, de même que St. Nicholas Anapavsa (le dernier dans lequel ils offrent encore des loukoumias !), il y en a un que nous n'avons pas pu voir (fermé le jeudi), les autres étaient plus bondés et décevants. On ne prends pas de photos à l'intérieur, tout le monde ne s'en prive pas, mais il y a des pièces assez remarquables de marqueterie, de dorure, de sculpture, et de manière générale d'architecture (aller construire un monastère de 3x50m sur un sommet de 3.2x51m est assez osé quand même). A noter que la visite des monastères est payante, 3€ par monastère indépendamment de son intérêt, et quand on râle on se voit répondre que "greek debt crisis", comme si la religion payait des taxes...

Pour le logement, on fait simple, deux nuits dans un champ au milieu des sommets, deux nuits dans un reste de bergerie troglodyte (d'où l'odeur de mouton). On s'offre même le luxe de se faire griller du parmesan italien "à l'ancienne" :
C'est plutôt appétissant non ?
Fleur et Félicien
Idem

La bergerie :
Vue de l'intérieur
Idem